Le billet du coach par Olivier Mack

Je l’avoue avec humilité et en toute sincérité : je sèche. À l’image de la Californie ainsi que des nappes phréatiques, de certains lacs et cours d’eau d’une grande partie de la Suisse entre mai et octobre 2018, je souffre de sécheresse. Rien à voir avec une absence de liquide ou d’humidité physique et réelle : l’aridité dont je parle est purement symbolique. J’ai beau me creuser les méninges, interroger mon cœur et mon corps : rien ne vient – la page entière s’offre à moi, désespérément blanche, vide et désertique.

Soit les idées se présentent et s’entrechoquent, jouent des coudes et se bousculent pour accéder à la sortie « Expression » pour finalement ne jamais parvenir à emprunter ce couloir-là. Ou alors, plus difficile à admettre pour un hyperactif mental comme moi,  aucune étincelle ne jaillit au firmament de mon ciel cervical, laissant une immense place à un néant peu enclin à la créativité et à la verbalisation.

Cet état et ce constat me font penser à deux séances d’accompagnement que j’ai vécues récemment et au cours desquelles j’ai été amené à dire : « je sèche ». Comme dans les scénarios décrits ci-dessus, soit mon mental ressemblait à une machine à pop-corn en pleine activité mais dont il était impossible d’extraire un seul grain de maïs soufflé, soit un vent rude soufflait sur les plaines infinies de mes connexions synaptiques.

La première situation s’est déroulée dans le cadre d’un accompagnement collectif d’une équipe en crise. À un moment donné, deux personnes du groupe en sont presque venues aux mains et, suite à cet incident, un silence lourd de sens s’est installé dans les interstices relationnels des personnes présentes (cinq en tout, moi compris). Une absence de communication verbale qui contrastait fortement avec le bruit auquel j’étais confronté dans ma tête, mon cœur et mon ventre : émotions, sentiments, souvenirs, blessures du passé prêtes à s’ouvrir. Ce qui en est ressorti ? Un « j’avoue humblement que je sèche et que j’ai besoin de votre aide pour vous aider » navré et un brin coupable.

La deuxième illustration est à placer dans le contexte d’un coaching individuel. En début de rencontre et après avoir décrit sa problématique, la personne accompagnée formule la demande suivante : « j’aimerais que vous m’aidiez à être moins hypersensible et hyperactive ». Cette fois-ci, pas de tempête, ni dans mon cerveau, ni ailleurs – rien. Puis un moment de silence qui m’a paru durer une éternité. Et finalement, la seule chose que j’ai réussi à dire s’est avérée être un : « Wouahouh ! Là, je sèche » tonitruant.

Dans les deux cas, pas de feu de forêt ni d’anhydrie. En effet, après la rupture et le silence accompagnés du langage non-verbal de mes interlocuteurs – que j’ai interprété comme de l’étonnement et une forme de désarroi –, tant le collectif que la personne accompagnée ont fait preuve d’un esprit d’initiative qui m’a laissé presque aussi perplexe que ma siccité créatrice.

Dans les deux cas, l’aveu de ma « sécheresse », assorti d’une demande d’aide plus ou moins explicite, ont débouché sur une discussion porteuse de fruits. Le collectif a en effet entamé une discussion spontanée autour du ressenti par rapport au « clash » vécu en direct, ce qui a débouché sur des pistes de résolution de problème. La personne concernée par le coaching individuel a, quant à elle, rebondi en reformulant sa demande de manière plus réaliste.

Comment interpréter ce qui s’est passé avant, pendant et après mon appel au sec…ours, chez moi et chez les autres ? Là, je sèche et vos lumières, chers lecteurs, sont les bienvenues.

À toutes et à tous, je souhaite un très beau printemps plein de moments apparemment peu féconds et pourtant si porteurs de vie et de nouveautés.

Olivier Mack, formateur d’adultes et coach indépendant
www.mackoaching.net/Être en chemin