L’autre jour, je partageais un repas avec un ami coach, temps que nous mettons à part pour bien manger, rire, dire des bêtises, parfois de grosses (!), évoquer notre métier, échanger et soumettre nos réflexions sur le monde du travail et des organisations. Quel bonheur ai-je eu à sauter du coq à l’âne, à me laisser surprendre par la réaction que provoque ma réflexion, à n’avoir aucun autre but que de nourrir l’échange et de renforcer le lien ! J’ai goûté à la présence de l’autre et suis convaincu que celle-ci fut suffisante pour passer une belle soirée : pas d’objectif, pas d’attente, mais une présence mutuelle. Quel bienfait de n’avoir rien à faire, rien à gérer, juste être attentif à soi et à son interlocuteur… en particulier pour un coach exerçant au quotidien !

Quelques jours plus tard, j’ai associé le vécu de cette soirée à une réflexion sur la pratique du coaching que mon ami m’a justement partagée ce soir-là.

Au fil de notre discussion, il me fit part de son interrogation sur la vision courante du coaching axé sur le faire faire, sur la mise en mouvement du coaché. Or, cette approche peut dériver vers une forme d’activisme où l’on se définit et où l’on est défini par les actions et surtout les résultats obtenus.  J’agis et obtiens tel résultat, donc je suis… j’existe, je suis ce que je fais. « Notre travail de coach ne devrait-il pas aussi contribuer au faire être ? » interroge mon ami. Ces questions du faire être ou du faire faire,s’apparentent à une existence basée sur le mode Avoir ou Etre. Le psychanalyste Erich Fromm précise que « l’avoir se rapporte aux choses et les choses sont constantes et descriptibles. L’Etre se rapporte à l’expérience et l’expérience humaine est en principe non descriptible ».

Une action déconnectée de toute présence à soi et aux autres vire rapidement à l’agitation. S’agiter ou être présent ? Telle est la question qui se pose à tout professionnel aux prises avec des responsabilités. Si j’aide le coaché à ralentir, à s’arrêter, à écouter ce qui vit en lui, à percevoir ses ressources au cœur de la crise, alors je l’aide à habiter par avance les actions qu’il entreprendra. Ainsi, le coaché laisse son Etre se déployer dans l’action qui, en retour, nourrit son être : cercle vertueux par excellence. Faire êtrepour faire naître une action alignée à son identité. Quel job magnifique ! Ce n’est ni mon ami coach, ni Lao Tseu qui me démentiraient puisque ce dernier affirme que « la seule façon d’accomplir est d’être ».

Le credo de COACHING-Services est d’affirmer haut et fort que le principal outil du coach est lui-même, ce qui est tout aussi vrai pour le coaché. Lorsque je réussis à offrir une présence de qualité, je suis émerveillé de ce que cela est utile pour faire avancer mon interlocuteur.

Eric Gubelmann, formateur et coach, reprise d’un édito de novembre 2013

P.S. Explorer son identité pour mieux agir au milieu des autres est un cri du cœur que nous vous adressons par cet édito et que vous pouvez également découvrir dans notre formation sur l’exploration de votre identité qui débutera le 9 novembre 2018.