Décalage, un appel à l’écoute…

Est-ce que cela vous arrive souvent de vous sentir décalé ? D’avoir l’impression de ne pas vivre dans le même monde que certaines personnes avec qui vous interagissez ? Je parle de cette sensation étrange et douloureuse que ce qui compte pour moi, mes perceptions et mes ressentis ne sont pas partagés par mon entourage. Voire carrément qu’ils n’existent pas à leurs yeux : la manière dont je vis et vois les choses est trop loin de la leur, ils n’y ont pas accès et ne sont peut-être simplement pas capables de la comprendre. C’est comme si on ne parlait pas la même langue, ou qu’on ne venait pas de la même planète…

C’est fou ce que ça peut faire mal de se sentir ainsi décalé et incompris. Cela s’accompagne souvent d’un sentiment de solitude et de rejet : « je ne suis pas normal-e, je suis trop ceci, pas assez cela, il y a quelque chose qui cloche chez moi, je dois faire un effort pour être comme… » J’en viens à me juger en fonction du regard des autres et l’image que j’ai de moi-même s’en trouve biaisée et tronquée. Je n’ai pas confiance dans mes ressentis, dans mes préférences, dans mes choix. J’apprends à me couper d’une partie de moi, car cela me semble la seule option pour pouvoir survivre et vivre parmi les autres.

Je suis sûre que nous avons tous déjà vécu quelque chose de similaire, de manière plus ou moins fréquente et à des degrés plus ou moins extrêmes. En tant que coach, je trouve essentiel de m’en souvenir. Car cela me rappelle à quel point l’écoute non jugeante est une compétence fondamentale de mon métier. 

Si vous vous êtes déjà senti décalé et que vous avez reçu un jour le cadeau d’une écoute sincère et bienveillante, vous savez à quel point c’est précieux. Avoir un espace pour dire les choses telles qu’on les vit, telles qu’on les sent, telles qu’on les souhaite. Se sentir pleinement entendu et reconnu dans notre rapport au monde. Apprendre à explorer l’immensité et la complexité de notre intériorité, sans rejet ni jugement. Oser vivre et dire la vie selon nos propres critères, à travers nos propres valeurs. Reconstruire une image de soi moins biaisée et plus solide. 

Avis à tous les coachs qui se préoccupent d’utiliser le bon outil au bon moment, de poser la bonne question, d’aider l’autre à trouver la bonne solution : n’oubliez pas que votre simple présence et votre capacité d’écoute sont les premiers ingrédients incontournables d’un espace sécure où l’autre pourra redécouvrir ses ressources et envisager des pistes qui lui semblaient fermées !

Myriam Küng, coach et membre de la direction