Dans toutes les formations en coaching (chez Coaching-Services en particulier), les notions de savoir-faire et de savoir-être sont toutes deux très présentes, par l’acquisition d’outils, de techniques et de structures d’un entretien pour la première, par la connaissance de soi, la gestion de la relation et des émotions pour la seconde. La présence conjointe de ces deux pôles permet à un coach de garantir que son travail est à la fois professionnel et personnalisé.

Si l’une de ses notions est mise de côté ou ignorée, certaines dérives sont susceptibles d’apparaitre très vite. Nous avons tous en mémoire certains coachs qui ne voient leur travail que comme un enchainement d’« outils » plus ou moins adaptés à la situation de leur coaché. A l’inverse, pour d’autres coachs, tout est émotion, tout est intuition, et ils se perdent parfois en route (ou ils égarent leur coaché), faute de structure ou de cadre adapté.

J’aimerais aborder aujourd’hui avec vous une notion quasi absente du champ du coaching, celle du savoir-penser, c’est à dire tout ce qui se passe dans la tête du coach pendant ou après un coaching. Proche cousine des savoir-faire et savoir-être, cette notion est pourtant le parent pauvre de ce trio. Et pourtant, elle mérite sa place au moins autant que les deux autres. Je vais tenter de vous expliquer pourquoi.

Le savoir-penser peut prendre plusieurs formes.

  1. Savoir-penser pendant l’entretien : C’est tout d’abord construire des hypothèses de travail (et se tenir prêt à les abandonner), qui nous aideront à proposer des processus adaptés au monde du coaché.
  2. Savoir-penser la relation coach-coaché: C’est prendre du recul sur ce qui se passe dans l’instant entre coach et coaché sur le moment en adoptant cette fameuse position « méta » qui permet d’avoir une vue d’ensemble de ce qui se déroule dans l’entretien.
  3. Savoir-penser sa pratique de coach : S’interroger régulièrement sur son évolution en tant que coach, sur ses forces et aussi sur ce qu’il faut encore améliorer. La supervision individuelle ou en groupe représente le moyen idéal d’aborder cet-aspect-là.
  4. Savoir-penser la profession de coach : Questionner le coaching lui-même, son rôle social et sociétal, ses aspects parfois dogmatiques, son utilisation parfois manipulée en entreprise.

Mais, me direz-vous, et vous aurez raison, comment apprendre le savoir-penser ?

Notre parti-pris, chez Coaching-Services, est de pousser les personnes à construire leur propre style de coach, en refusant d’imposer notre vision ou de proposer des recettes « toutes prêtes » pour coacher, quitte à entendre parfois la critique qu’il peut être déstabilisant, voire difficile, pour les participants de ne pas avoir davantage de repères pendant la formation.

Pourtant, ces périodes de doutes, de questionnement et de vigilance nous paraissent indispensables pour que les participants puissent se construire ces fameux savoir-penser autour du coaching.

Au final, le développement de ces savoir-penser nous paraissent surtout nécessaires pour éviter un formatage de la profession où tous les coachs feraient la même chose (l’approche « coacher tout le monde en 6 étapes » en serait la caricature).

Je vous remercie d’avance de ne pas être d’accord avec moi et de me le faire savoir.

Frédéric Panza, coach et formateur, mars 2016