Un coach pose des questions : quelle évidence ! Un coach se forme pour poser des questions utiles et pertinentes. Quel truisme ! Et pourtant…

Revisiter ses questions et observer leur enchaînement, leur orientation au fil des séances instruit à plus d’un titre. Combien de temps passe un coach au jeu des questions-réponses dans une séance? Que se passera-t-il s’il réduit le nombre de questions? Quels profils de coachés m’aident ou me desservent dans la qualité de mon questionnement ? Leur analyse et leur observation in vivo révèlent, dans une certaine mesure, nos états d’âme en termes de processus de coaching et de relation avec notre coaché. Un inventaire de nos questions met en évidence nos routines, notre style et notre attachement à l’une ou l’autre approche de coaching. Parfois, elles expriment en arrière-plan notre sensibilité, nos valeurs et croyances. Après quelques années de pratique, il est utile d’entreprendre un examen attentif de son questionnement. Il se pourrait que cela soit une belle manière de faire « un grand service » et de prendre conscience de la nécessité de chasser des manies et de renouveler notre pratique.

Olivier Maulini[1] écrit « l’école est l’un des rares endroits où celui qui sait pose des questions à celui qui ignore les réponses ». Qu’en est-il d’une démarche coaching? Combien de fois est-ce que je pose une question avec une idée bien ancrée sur la ou les réponses possibles ? Dans quelle proportion dois-je poser des questions dont l’interlocuteur ignore les réponses ? A la fin du compte, quelles fonctions remplissent mes questions ?  Les effets de ces questions sont une entrée utile pour faire le point sur cet art délicat.

Premièrement, les questions peuvent servir à engager une relation. L’objet de la question est secondaire. Seule compte la relation qui s’établit grâce à elle. Ce type de questions a lieu dans une phase de prise de contact et d’accueil.

Deuxièmement, le coach utilise la question pour répondre à ses préoccupations de compréhension ou pour s’informer de la situation et des actions entreprises par le coaché. Cet usage remplit la fonction d’interrogation : elle apporte des informations ou du savoir. Elle est indiquée en début de processus. Cependant, combien de temps passe-t-on à s’informer? Est-ce toujours nécessaire ? Dans ce processus d’interrogation, c’est donc toujours le coach qui questionne, qui prend l’initiative. Sous l’égide de questions ouvertes se cache parfois une volonté d’amener le coaché vers une prise de conscience que nous décidons unilatéralement bonne pour lui. En résumé, le coach guide le discours narratif ou la réflexion sur celui-ci et le coaché suit en y répondantSi possible selon la vision du coach !

La troisième fonction est centrée sur le coaché. Nous l’appelons la fonction de questionnement. L’étymologie de « questionner » vient du latin « quaerere » qui signifie « quérir, chercher ». Le coaché cherche à comprendre dans quoi il est pris, ce qu’il se veut et comment il va l’obtenir. Le coach est un partenaire de cette recherche. Dans ce cas, il agit de manière à ce que son client se pose lui-même des questions et qu’il en ait l’initiative. Concrètement, le professionnel questionne moins: il se contente de relever les interrogations contenues dans le discours de l’accompagné ou de faire vivre des situations par l’usage d’outils métaphoriques, d’illustrations corporelles ou autres mises en action: le vécu interroge alors votre client. L’avantage d’une telle démarche est qu’elle correspond aux besoins réels de celui-ci. Les questions qu’il se pose sont alors à coup sûr en lien avec sa demande : une envie d’y répondre ou de s’y attarder est au rendez-vous. Le coach reste en retrait, suit sa recherche et stimule sa réflexion. A ce propos, il est possible que le questionnement du coaché l’éloigne des objectifs contractualisés. Elle réinterroge alors la demande initiale. En soi, cette situation n’est pas problématique sauf parfois dans le cadre d’un contrat tripartite (coach, client, prescripteur).

Pour terminer, je vous propose d’être attentif au questionnement qui se cache ou non dans le discours de vos clients. Ensuite aidez-les à verbaliser clairement ce qui leur pose vraiment question. Ainsi, vous délimiterez votre intervention, vous les aiderez à donner sens à leur coaching, c’est-à-dire à définir une direction et une signification comme aime le dire un ami coach.

Eric Gubelmann coach accrédité et formateur.

[1] O. Maulini, «La question : un univers mal partagé » Educateur n°7 (1998) p.18