Certitudes, incertitudes…

Comme vous l’avez peut-être remarqué, j’aime profiter de temps en temps de cette newsletter pour partager avec vous mes réflexions du moment. Actuellement, celles-ci tournent autour de la notion de certitudes. Dans divers coachings et rencontres des dernières semaines, j’ai entendu exprimer avec force différentes certitudes : 

  • « Le monde du travail est impitoyable, ce n’est qu’en se donnant à fond qu’on peut y faire sa place. »
  • « Les vaccins sont dangereux, c’est du totalitarisme de chercher à nous les imposer. »
  • « Le monde de l’autre ne m’intéresse pas si je n’y retrouve pas certaines de mes valeurs. »

Ce qui m’a frappée à chaque fois, c’est à quel point la personne qui exprimait une certitude semblait en avoir besoin. En effet, j’ai la certitude que nous avons tous profondément besoin de nos certitudes. Elles sont essentielles à notre sentiment de sécurité et de maîtrise : si nous comprenons le monde, nous savons comment nous y comporter, et si nous nous comprenons nous-mêmes, nos réactions deviennent explicables et prévisibles. Nos certitudes légitiment qui nous sommes et comment nous agissons. Elles donnent un cadre et du sens à nos vies.

Mais dans ce monde tellement complexe que sa réalité nous est inaccessible dans sa totalité, nos certitudes se heurtent fréquemment à des évènements qui les contredisent, ou aux certitudes d’autres personnes. Bam. Et qu’est-ce que cela peut faire mal de se rendre compte que nos certitudes ne sont pas confirmées ou unanimement partagées ! Car cela remet en question ce sur quoi nous nous sommes construits et à quoi nous nous accrochons. C’est extrêmement désécurisant… Toute personne qui traverse une crise vous le dira – et en coaching, c’est plutôt fréquent.

Différentes réactions sont possibles : 

  • s’accrocher malgré tout à nos certitudes ; faire rentrer de force la réalité dedans, quitte à la déformer un peu ; considérer comme des imbéciles tous ceux qui ne pensent pas comme nous et qui n’ont donc rien compris
  • se mettre à douter de tout, tout remettre en question ; se considérer soi-même comme une imbécile qui n’a rien compris ; se laisser tellement envahir par les incertitudes qu’on en devient incapable de vivre et d’avancer
  • apprendre à accepter à la fois les limites de nos certitudes et le fait que nous en avons besoin pour vivre ; respecter les certitudes des autres et s’ouvrir à ce qu’elles enrichissent les nôtres ; être prêt à revisiter et parfois adapter nos certitudes au gré des rencontres et des expériences ; s’autoriser à garder les certitudes les plus porteuses de sens et de motivation pour nous-mêmes.

Vous me voyez venir : en tant que coachs, c’est la troisième voie que nous vous invitons à prendre. Car il est difficile d’exercer le métier de coach si on n’est pas prêt à rencontrer et à accompagner des gens qui n’ont pas les mêmes certitudes ou les mêmes valeurs que nous. Bien sûr, cette voie n’est pas un chemin tracé tout droit qu’il suffit de suivre. Ce serait trop facile. Comme tous les chemins de vie, il oscille entre les autres extrêmes, et c’est à chacun d’y trouver ses marques et ses garde-fous, à son rythme et à sa manière. 

Myriam Küng, Coach et membre de la direction.