Le billet du mois par Abé Godonou
Libére(-Z) la bête !
C’est le temps de la reprise, de la rentrée. On recommence, on s’y remet, c’est reparti…
Tout ce qui nous inscrit dans une notion de cycle nourrit notre vocabulaire au gré des échanges que nous avons avec nos collègues et nos proches, avec les personnes que nous croisons. Le tour de roue a été effectué, il s’agirait d’en recommencer un autre, plus grand peut-être, plus excitant, plus riche ou au contraire, moins agité, moins fatigant, moins rapide.
Certains éléments sont encore là, d’autres ont évolué. Des choix ont été faits, reste à les concrétiser.
Pendant ces quelques semaines d’été au rythme différent, l’équipe de Coaching-Services et moi-même, nous sommes attelés à organiser du nouveau, à nous projeter dans cette année académique et à nous y préparer. D’un point de vue professionnel, de nouveaux défis se présentent, des changements d’envergure et des repositionnements se profilent, des ajustements et des rééquilibrages seront indispensables. Ça va bouger !
Et d’un point de vue personnel ? Dans ma façon interne d’accueillir ces changements, de m’adapter à la nouveauté (ou de rechercher le connu), quels sont les mouvements qui se sont joués ?
Je ne résiste pas à vous partager une expérience que j’ai eu la chance de vivre il y a quelques jours : je me suis portée volontaire pour un exercice de coaching qui me permettrait de faire s’exprimer différentes parties de moi dans mon rapport à l’Autre. J’y ai découvert un clown, un cerveau, un moteur, une artiste et d’autres encore qui chacune avait sa voix. Alors que dans mon esprit, ces diverses parties avaient une discussion construite, étaient les conseillères avisées et sages auxquelles je faisais appel si nécessaire, je me suis très vite retrouvée débordée et dans un capharnaüm assourdissant ne générant qu’une seule envie : remettre le couvercle !
Et pourtant…
Après que je leur ai offert une place mieux ajustée et que j’ai pu entendre leurs motivations profondes, ces différentes parties ont commencé à suivre le rythme que je leur proposais, à définir une musique et un tempo qui me paraissaient plus justes, à me permettre de danser, chose qui ne m’était plus arrivée depuis longtemps !
Voici que suite à cette expérience, en m’observant dans le miroir de ma conscience, je me suis découvert un drôle de nez rouge mais pas tout le costume du clown, plusieurs paires d’oreilles légèrement pointues mais très utiles pour l’écoute, quelques écailles et quelques griffes qui pouvaient me servir et me protéger si nécessaire, des pattes vigoureuses et agiles pour m’adapter au rythme des événements, trois-quatre antennes par-ci par-là, qui étaient directement reliées à une plante qui me poussait sur le ventre et qui créait de jolies graines qu’il m’était libre de choisir de planter ou pas…Vous imaginez la bête ?!
J’ai compris qu’elle avait toujours été là, mais que j’étais apeurée à l’idée qu’elle puisse être vue. Alors je l’ai comprimée, enfermée, je lui ai interdit la vue de la lumière. J’ai dépensé toute l’énergie possible pour parvenir à la canaliser, à la faire entrer dans la roue du « pas trop ceci » et de l’« un peu moins cela », du « plutôt comme-ci » et du « surtout pas comme ça ».
Quel plaisir j’ai eu à la voir s’étirer, s’ébrouer et prendre sa place ! Quel apaisement de voir que finalement, toutes ces oreilles, ces antennes, ce nez et ces pattes trouvaient ensemble une « esthétique » peu conventionnelle mais si alignée ! Et quel soulagement de voir qu’une fois libérée, ce n’était pas un monstre qui allait se déchaîner et tout emporter, mais une sympathique compagne de route, prête à me soutenir et à m’inspirer dans ma lecture de la vie et de l’Autre…
Il est clair pour moi qu’elle va désormais nourrir et porter la coach que je suis, dans l’humour, l’audace ou la confrontation, dans la légitimité que je me donne, dans l’accueil de toutes mes particularités et de toutes celles des autres.
…Et vous, quand la libérez-vous ?
Abé Godonou
Coach, Formatrice et Membre de la direction de Coaching-Services (et drôle de bestiole !)