Récemment, lors d’une discussion informelle avec un de mes collègues, ce dernier a qualifié mon style de coaching de « maternel ». En formation, nous vous apprenons les fondamentaux de l’approche coaching en vous précisant qu’avec l’expérience, vous développerez un style qui vous est personnel. Vous développerez des affinités avec certains outils, certaines approches de la relation avec lesquelles vous vous sentirez à l’aise et finalement vous prendrez conscience que le meilleur outil du coach c’est lui-même.

Or, ce qualificatif de « maternel » m’a profondément « titillé ». En effet, je ne peux nier que dans l’équipe de formateurs que nous sommes, je suis la seule à être dotée de deux chromosomes X et que mon approche du coaching est certainement empreinte d’une génétique féminine. Mais pourquoi donc est-ce que le mot « maternel » sonne-t-il comme une faute professionnelle à mes oreilles ?

Alors sans tomber dans le cliché ni dans le sexisme, je vous livre l’état de mes réflexions sur ce sujet. Dans mon premier métier, celui d’infirmière, materner un patient était considéré à juste titre comme une posture inadéquate et répréhensible car elle impliquait une infantilisation du patient que nous devions d’ailleurs appeler « client » car nous n’étions finalement que des prestataires de services, même si nous parlions de soins et de relations humaines. En même temps, comme le dit en substance Marie-Françoise Collière dans son livre « Soigner, le premier art de la vie », la première compétence intuitive d’une mère est celle de « prendre soin » de son enfant. Vous voyez déjà le paradoxe ?

Mais revenons-en au coaching ! Un des buts ultimes que nous souhaitons atteindre est l’autonomie du client face à sa problématique. Alors en quoi une approche « maternelle » pourrait-elle être un frein ? Il ne s’agit bien évidemment plus de prendre « soin » mais serai-je tentée de prendre en « charge » ? Contrairement à l’homme qui lui prendrait en « compte » les difficultés du coaché ? Ce faisant, je m’attribuerais des responsabilités qui ne m’appartiennent pas et je priverais l’autre d’une occasion d’apprendre à porter la charge qui lui incombe.

Et bien non, je réfute ce positionnement. Je suis profondément convaincue que le client a les ressources nécessaires pour faire face à ses besoins et je ne ressens pas le besoin de prendre sur mes épaules une part de la charge du coaché afin de lui faciliter la tâche. Mon style de coaching n’est ni celui d’un saint-bernard ni celui de Mère Theresa. Cependant, il y a bien une part de mon approche qui fait écho à celui d’une mère et que je peux percevoir comme une aide et non comme un frein. Lorsqu’il s’agit de créer le lien avec le coaché, je fais preuve de douceur et je veille au confort de cette nouvelle relation. C’est dans ce climat un peu « cocon » et sécure que je vais  faire évoluer la relation avec mon coaché vers une version plus confrontante, si nécessaire, que je me sentirai libre de prendre des risques, d’oser et que j’inviterai l’autre à faire de même. Je nourris volontiers l’autre de ma bienveillance mais je suis attentive à ce qu’il cherche sa nourriture seul et que son équilibre personnel ne dépende pas de moi. Finalement, le rôle ultime d’une mère n’est-il pas d’amener ses enfants vers une prise d’autonomie et de responsabilités leur permettant de devenir des adultes à part entière ?

Pour conclure dans les métaphores, je vous dirai ceci : mon style de coach est féminin voire même maternel mais cela se traduit par les images suivantes : veiller au confort en fournissant de bonnes chaussures et non un bon canapé,  écouter avec affection avant de regarder l’autre pédaler seul sur son vélo. C’est être attentive aux conditions météo sans pour autant mettre l’autre sous cloche…

Et vous, quel est votre style de coach ? De quelle part de votre personnalité votre coaching est-il empreint ? En quoi vos certitudes, croyances et expériences de vie vous amènent à développer un style plutôt qu’un autre ?  A votre tour de partir dans l’introspection…

Natacha Andenmatten, coach certifiée ICF et formatrice, octobre 2016
nandenmatten@coaching-services.ch