Lorsque j’ai commencé à me pencher sur la notion de pouvoir, j’ai réalisé que l’on peut en différencier plusieurs sortes, dont trois en particulier : le pouvoir sur les autres, le pouvoir sur soi-même et le pouvoir sur notre vie.

En ce qui me concerne, le pouvoir sur l’autre est une notion qui ne m’intéresse pas du tout, que je ne recherche pas et que dont je ne tiens pas vraiment compte au quotidien. Du coup, cela me sidère lorsque je vois d’autres gens faire des choix ou se comporter en fonction du pouvoir que ça leur donne sur les autres.

Je trouve beaucoup plus intéressant et valorisant de se pencher sur le pouvoir que l’on a sur soi, et de le développer : pouvoir sur nos émotions (ou plutôt sur la gestion de nos émotions), pouvoir sur nos pensées, pouvoir de choix. Je pense que nous avons énormément de pouvoir sur nous-mêmes, qu’il faut le développer, apprendre à s’en servir et le faire à bon escient.

Enfin, en ce qui concerne le pouvoir sur la vie, je crois qu’il est partagé. Jusqu’à un certain point, nous pouvons décider de ce qui nous arrive, nous avons un certain pouvoir sur les évènements, qui découlent de nos choix. Mais au-delà d’une certaine limite, les événements surgissent hors de notre contrôle, et ramènent notre pouvoir à celui du paragraphe précédent : il réside dans la façon dont nous choisissons de réagir aux situations et de les appréhender.

Petit exemple : imaginons que vous êtes insatisfait de vos conditions de travail. Il est en votre pouvoir de demander une renégociation de contrat et il appartient à votre supérieur/entreprise de l’accepter ou la refuser. Imaginons qu’elle soit refusée, ce qui provoque chez vous déception, colère et frustration. Vous avez alors le choix de blâmer votre chef pour tous vos maux, lui donnant ainsi un maximum de pouvoir. Ou alors vous pouvez choisir d’utiliser vos propres pouvoirs : sur la vie – vous partez, vous cherchez une meilleure place ailleurs ; sur vous-même – vous acceptez ce qui ne peut être changé et cherchez votre bien-être malgré tout, en gardant en tête les points positifs de votre environnement de travail.

Le défi majeur lorsque nous nous rendons compte que l’autre a beaucoup moins de pouvoir sur nous que nous en avons sur nous-même, c’est que par conséquent, la responsabilité de notre bien-être commence à nous incomber quasi complètement. Et ça, c’est parfois très motivant, et parfois assez lourd à porter.

Que cherchons-nous à obtenir quand nous exerçons notre pouvoir et quel effet cela a-t-il sur nous ? Personnellement, lorsque j’exerce un pouvoir sur moi-même, c’est afin de me sentir mieux à moyen/long terme. Exercer un pouvoir sur les autres m’arrive extrêmement rarement, en tout cas consciemment. Le seul que je choisis parfois d’utiliser, c’est le pouvoir de dire non, et encore, ça ne m’est pas facile. Quand je dis non, je cherche à me protéger.

Renoncer à exercer un pouvoir peut avoir différentes conséquences émotionnelles. Renoncer au pouvoir qui protège donne la sensation de « rapetisser » de l’intérieur, comme si je perdais de la valeur.

Si je transpose mes réflexions sur le pouvoir dans le cadre du coaching, je me demande : le coach a-t-il du pouvoir sur le coaché ?

Et je pense que la réponse est : oui, autant que le coaché lui en donne. Le coach ne peut pas obliger le coaché à changer ou à évoluer ou à faire certains choix. Il ne peut que l’accompagner, et lui redonner son propre pouvoir pour qu’il l’utilise lui-même. Le coach peut par contre avoir du pouvoir malgré lui si le coaché le lui donne, et c’est là une situation délicate que le coach va devoir gérer avec beaucoup de finesse.

Léanne Bernet, apprentie-coach, janvier 2017