Vous êtes-vous déjà arrêtés sur le discours de vos coachés, sur ce qu’il rapporte de la séance précédente ? Je vous fais part de quelques propos glanés ces derniers temps chez mes coachés :

Je suis sorti d’ici, j’avais mal à la tête !

J’ai souvent repensé à la métaphore du tableau.

Juste après notre rencontre, j’étais légère et je m’en voulais de m’être fait tout ce cinéma.

J’avoue, je n’ai pas beaucoup avancé, je crois que j’ai besoin plutôt de me poser, d’arrêter de faire… 

Qu’évoquent, pour vous, ces bribes de vécu hors présence du coach ? Il est possible de les aborder sur plusieurs plans : le fonctionnement de la personne, l’impact de la dernière séance, l’avancement vers l’objectif, l’enjeu relationnel coach-coaché caché dans ces paroles, les potentialités de l’information dans la conduite du processus et j’en passe.

Le vécu interséance matérialise, condense l’essentiel de notre condition humaine : tracer son chemin coûte que coûte, faire exister un sens, intégrer les surprises que nous réserve notre destin. Tout est mouvement, même si apparemment rien ne bouge. Notre être entier, corps et esprit, est invité à participer à ce voyage, bénéficiant et subissant toutes les météos.

Si tout est changement ou évolution, tout est aussi apprentissage de nouveaux comportements, de pensées ou de représentations de la réalité. Changer pour apprendre et apprendre pour changer : deux faces d’une même réalité. Car le changement contraint à prendre en compte de nouvelles informations, de nouvelles règles du jeu, à les identifier, les comprendre et à en faire bon usage.

Quel rôle joue le coach dans le changement souhaité par le coaché? Autrement dit, quelle est sa responsabilité dans les apprentissages de son coaché ? A ce stade de ma réflexion je réponds que le rôle du coach est de faciliter le chemin des apprentissages par son questionnement, ses outils et le choix du processus.

Le risque de quitter sa posture de coach se joue au moment où le coaché comprend sa situation d’une manière trop étriquée. Il est alors utile de présenter un schéma ou un concept afin d’élargir la vision du coaché sur sa situation. Souvent, par orthodoxie, nous l’intitulons outil. Cette information nouvelle pour le coaché relance la réflexion, accompagne le changement. Dans cette situation, le coach est celui qui sait; avouons-le ! L’écueil est réel soit de prendre goût à expliquer « l’outil », illustrer son usage plus que nécessaire, soit de voir le coaché profiter de cette situation pour nous cantonner dans l’expertise.

Tout est affaire de sobriété et de concision dans la présentation de « l’outil » : dire juste ce qu’il faut pour faire avancer le processus. Dans mon cas, je sais que cela reste ma zone de vigilance, je suis issu du monde de la pédagogie. Cependant, il y a beaucoup d’approches pédagogiques. Certaines sont en parfaite contradiction avec une approche coaching et d’autres s’en approchent. Au final, ce qui maintiendra, tant que faire se peut, une posture coach est la perception dans l’instant de son rôle et surtout la foi que l’on octroie aux capacités et potentialités de ses coachés.

Et pour votre propre réflexion, je vous laisse deux questions à mâchouiller : comment votre profession initiale influence-t-elle encore aujourd’hui vos coachings? Que voulez-vous garder, transformer ou jeter ? Cette dernière question pourrait provoquer des changements et … in fine, faire naître des apprentissages: gage d’une cure de jouvence.

On commence à vieillir quand on finit d’apprendre. Proverbe japonais

Eric Gubelmann, coach et formateur, Mai 2015