Accompagner le chemin de déclin

Je souhaite, en préambule, une merveilleuse année 2023 aux sept seniors (quatre femmes et trois hommes, cinquantenaires à nonagénaires) qui m’auront inspiré cet éditorial. A vous aussi, chères lectrices, chers lecteurs, tous mes vœux de bonheur… que vous soyez en phase d’ascension ou de déclin. 

« Le coaching est une forme d’accompagnement permettant à une personne de prendre conscience de son potentiel de réussite, de le développer, et d’être poussée à agir dans le sens de l’atteinte de ses objectifs, qu’ils soient personnels ou professionnels. » Dixit Coaching-Services. 

A en croire le Robert en ligne : le coaching est un « accompagnement (d’une personne, d’une équipe) dans l’accomplissement et la réussite de ses projets ». Quant au Larousse version Web, il ne définit que le coach lui-même (au risque de vous faire bondir) : « conseiller professionnel qui cherche à développer les performances d’un salarié, d’un acteur, d’un chef d’entreprise, etc. » 

« Développement, objectif, projet, performance, réussite, accomplissement… » Le langage associé au vocable « coaching » est très connoté, axé, semble-t-il, sur un seul mouvement : la croissance, l’ascension. Jusqu’au sommet. Et ensuite ? Quid de la descente (et parfois la chute, soudaine, brutale) ? 

Car ne nous leurrons pas, chères lectrices, chers lecteurs : la vie est ainsi faite que dès la quarantaine, nous nous engageons sur la pente décroissante. Roger Federer, le Maître lui-même, a dû s’y résoudre. Et ne croyons pas que notre cerveau échappe à la tendance, certes lente, mais inexorable (les rescapées et rescapés du burnout pourront témoigner). 

Déclin professionnel. Déclin personnel. Bizarrement, il n’y a guère de coaches – hormis les spécialistes du passage à la retraite – qui se positionnent, précisément, pour accompagner le mouvement fondamental de la seconde partie de notre vie. Peut-être craignent-elles, craignent-ils leur propre déchéance, leur propre décrépitude ?

Ou le coaching serait-il réservé, de fait, aux seules personnes capables de jouer (quelque temps encore) à « Citius, Altius, Fortius », l’ancienne devise des Jeux Olympiques ? « Moins vite, Moins haut, Moins fort », cela ne mériterait-il pas, aussi, une aide ? Ne serait-ce que pour faciliter l’acceptation, pas à pas (et sans précipitation aucune), de l’inéluctable régression ?

Développement à venir ou évolution actuelle ? Objectif anticipé ou conscience présente ? Projet futur ou action immédiate ? Quant à la performance, la réussite, l’accomplissement… tout dépend de ce que l’on y associe. 

Je suis certain que pour Madame Girard*, malade d’Alzheimer pour qui l’essentiel dans la vie consiste, désormais, en son merveilleux sac à main blanc, à brillants, mon accompagnement estival – répété, quotidiennement, autour d’une seule et même mission concrète – aura été précieux. La performance, en l’occurrence, aura été de l’aider à se souvenir où elle-même le cachait. Et, bénéfice essentiel, de sortir de l’état de profonde détresse, physique et psychique, dans lequel chacun des « ignobles vols » de son sac la plongeait. 

Madame Girard et moi faisons partie du septuor de seniors sans qui cet article n’aurait jamais vu le jour. 

Jérôme Boujol, accompagnateur et animateur indépendant, coaching-services@jerome-boujol.com 

*nom d’emprunt