Changer… d’année

Ça y est, une nouvelle année commence ! Les fêtes sont passées, on a rangé la belle vaisselle et les cotillons, ou peut-être a-t-on laissé quelques décorations de-ci de-là, pour prolonger la magie et faire scintiller encore un peu les étoiles.

Quoi qu’il en soit, le pas est fait. Nous sommes maintenant de l’autre côté, en 2022. Nous avons basculé, sautant d’une seconde à l’autre dans une nouvelle boucle. Certains compteurs ont été remis à zéro, certaines pages tournées, des portes fermées. 2021 est définitivement derrière et jusqu’à nouvel avis, il n’y aura pas moyen d’y retourner.
Et cela m’interroge… 

Comment faisons-nous pour lâcher l’année qui se termine et entrer quasi systématiquement avec entrain et espoir dans celle qui se présente ? Comment parvenons-nous à plonger dans cet inconnu avec parfois la ferme intention de faire autrement, mieux, ou de ne justement plus reproduire ? Comment cela nous est-il possible et si facile à cet endroit, d’accueillir le changement, celui qui peut nous faire si peur (soyons honnêtes) et qui peut aussi tétaniser la personne en demande d’accompagnement ? En effet, comment accepter de lâcher un connu, aussi inconfortable qu’il puisse être, pour se lancer dans le vide tel l’artiste de cirque, sans pour autant avoir le prochain trapèze en vue ? 

J’avais depuis un certain nombre d’années, un petit rituel auquel je m’adonnais chaque 31 décembre : de façon presque immuable, je faisais le bilan de l’année écoulée, puis j’en inscrivais sur une feuille de papier les éléments dont je ne voulais plus, ceux qui m’avaient causé de la peine ou des difficultés. Enfin, je faisais brûler la feuille sur mon balcon, regardant s’envoler en fumée symbolique tous mes tracas et soucis. Une fois cela fait, je m’engageais, rassurée, sur le chemin de l’année qui démarrait. L’idée étant de ne garder que le positif, de le faire fructifier, de m’appuyer dessus pour continuer à avancer, d’en faire l’engrais ou le carburant des mois qui s’ouvraient devant moi. Oui, sauf que, bien entendu, dans la vraie vie, rien ne s’envolait ni ne disparaissait en un claquement de doigts…au contraire ! Mais la croyance ayant bon dos, je continuais à me dire que cela finirait par fonctionner…

L’année passée cependant, à diverses occasions professionnelles, personnelles ou plus générales, j’ai fait l’apprentissage d’une nouvelle notion : le renoncement. J’ai compris en en faisant l’expérience, qu’il ne s’agissait pas de faire s’affronter le positif et le négatif, mais que chaque changement, chaque décision, chaque positionnement comportait sa part de gains comme de pertes. J’ai compris que d’avoir les bras remplis de tous les éléments auxquels je m’accrochais, ne laissait pas l’espace à la nouveauté…Il y a un adage qui dit « choisir, c’est renoncer », aujourd’hui, pour moi, j’inverse le postulat en décidant que renoncer me permet le choix, un choix joyeux et curieux de me rendre disponible à ce qui se présentera.

Alors ni une ni deux, cette fois, j’ai pris le parti de modifier mon rituel. En permettant à « ce qui doit » de quitter mes mains, comme on laisserait l’eau de la rivière emporter une poignée de sable, je me suis penchée sur l’ensemble de l’année écoulée et j’en ai remercié les mouvements qui m’ont, dans des intensités variées, amenée là où je suis aujourd’hui : à l’endroit, à l’instant de la mise en action, à un point de départ. 

J’aimerais vous souhaiter une année 2022 nourrie d’oscillations fertiles, en citant Épictète[1] : « Tout est changement, non pas pour ne plus être mais pour devenir ce qui n’est pas encore. » 

Abé Godonou-Dossou, coach et formatrice

[1] Épictète (50-125 ap. J.-C), philosophe grec stoïcien.