Été rime avec …

Depuis quelques semaines, quelques mois désormais, je peux me définir comme une « lectrice de couvertures ». Si je pousse un peu, je pourrais ajouter à mes titres : « lectrice de tranche » ou « lectrice de quatrième de couverture ».

Je n’ai pas le temps, mon cerveau n’a pas la disponibilité nécessaire, de celles qui me permettent de me laisser mener par le bout des yeux, au fil des lignes, au son de mots dont les résonnances m’offrent de créer des paysages, des personnages que moi seule verrai jamais. Il m’est impossible de m’échapper de mon quotidien ou de mes projets en cours, pour plonger dans un roman, un recueil de poésies ou me faire « mijoter les neurones » au bouquet garni de diverses théories. M’offrir le plaisir de lire sonne comme une impossibilité en ce moment.

Pourtant, j’ai fait des choix, pris des décisions, posé des actes pour faire de la place, ME faire de la place. J’ai trié, jeté, empaqueté, nettoyé et, tout comme à ce fameux moment lors d’un déménagement, j’ai juste l’impression qu’il y en a « jusque-là ! » et que tout (et surtout moi) va rester « coincé comme ça » alors que tout est sur le point de changer, cet été.

Depuis quelques semaines, quelques mois désormais, mon regard tombe systématiquement sur trois ouvrages rangés dans divers endroits de mon appartement (l’un trouvé, l’autre reçu et le dernier acheté il y a quelques années de cela) : La Liberté[i], La peur de la Liber[ii], Libres d’être[iii]. Soyons clairs encore une fois, je n’en ai pas lu le contenu. Leurs auteur.e.s sont, pour le premier, considéré comme un gourou, pour le second un psychanalyste et sociologue réputé, pour le troisième une écrivaine en collaboration avec un illustrateur de littérature jeunesse.

Bien. Je crois avoir compris qu’il pourrait y avoir un message personnel à trouver… Cependant, me viennent un tas de questions qui « gratouillent » la coach :

Comment accompagne-t-on l’Autre dans sa prise de liberté ? Est-on simple témoin ou co-créateur des divers déclics qui l’amènent à la sensation d’être enfin libre ? A quel degré de liberté peut-il se considérer comme libre ? Au-delà du concept, qu’est-ce qui lui permet de se dire libre ? Libre de quoi ? De son choix ? De son positionnement ? De sa décision ? De son rythme ? De son immobilité ? De son énergie ? De son prochain petit ou grand pas ? De son environnement ? De tout cela en même temps ?

A quel moment est-on « libre » ? Au moment où on lâche le trapèze ? Dans l’instant suspendu dans le vide ? Au moment où nos mains s’accrochent au prochain repère ou au moment de la décision de sauter ?

Et moi, coach, quelle est la liberté que je donne à ma créativité (et à celle du coaché) ? Quelle est celle que j’offre au processus ? Qu’est-ce qui se joue en moi lorsque je le vois s’empêtrer ou au contraire se dépêtrer de ses propres filets ? De quelle dose de Libre-arbitre pouvons-nous disposer dans le champ de ce qui est en train de se passer ?

Et lorsque « je » prends la liberté, en tant que coach (ou l’autre en tant que coaché), n’est-elle pas déjà en train de s’échapper et de me proposer de m’emmener avec elle ? Dois-je m’y agripper, me la cheviller au corps, la saisir ou la regarder passer ? Suivre sa trace, la traquer, lui courir après ou simplement m’en inspirer ?

Dans quelle danse le coaché, la liberté et moi sommes-nous prêts à nous lancer ?

Ouh là… ! J’ai laissé virevolter mes pensées, telles un papillon dans un beau ciel d’été.

Je ne sais pas avec quoi vous allez le faire rimer mais pour ma part, je vous le souhaite ensoleillé, joyeux et coloré, quel que soit ce que vous vous offrirez la liberté d’y ajouter !

Abé Godonou, Coach, Formatrice et Membre de la direction de Coaching-Services.

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[i] La liberté. Le courage d’être soi-même, Osho Éd. Jouvence
[ii] La peur de la liberté, Erich Fromm, Éd. Les Belles Lettres
[iii] Libres d’être, Thomas Scotto, Cathy Ytak, Éd Du Pourquoi Pas ?