Le singe et la rivière

Je vous propose ci-dessous une réflexion sur la posture d’aide sous la forme d’un conte… J’ai entendu cette histoire dans un cours de sociologie du développement pendant mes études, racontée par le professeur Elísio Macamo. Je la trouve tout aussi inspirante pour le coaching que pour l’aide au développement.

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« C’est l’histoire d’un petit singe qui a grandi parmi les singes et qui a toujours connu une vie de singe. Il est né au fin fond d’une grande forêt, et depuis qu’il est tout petit, il a appris à grimper aux arbres, à s’élancer de branche en branche, et à manger des fruits et des feuilles. Il a aussi appris à chercher les puces cachées dans le pelage de ses camarades pour les en débarrasser, un rituel d’entraide fondamental dans la société des singes. Par rapport aux autres animaux, on lui a enseigné à reconnaître les prédateurs qui lui veulent du mal et à se cacher à leur approche, mais pour le reste, il a été éduqué à respecter la vie de chacun et à secourir ceux qui se trouvent en difficulté, surtout s’ils sont plus petits et plus faibles que lui. 

Un jour, le petit singe décide de quitter sa forêt natale pour partir à l’aventure et découvrir le vaste monde. Il dit au revoir à sa famille et ses amis, puis il se met en route. Après une longue journée de marche, il finit par arriver au bord d’une rivière. C’est la première fois qu’il en voit une, mais il reconnaît tout de suite ce que c’est : les vieux singes de sa famille racontaient souvent des histoires sur la rivière. Sur sa beauté, sur sa fraîcheur, mais aussi sur le danger de se laisser emporter par le courant et de se noyer dans ses eaux. Le petit singe est bien averti : il sait qu’il est impossible de respirer sous l’eau, et il ne veut prendre aucun risque. Très prudemment, il s’approche du bord pour observer l’eau qui s’écoule. C’est un beau spectacle, et qui fait un joli bruit… Le petit singe a très envie de toucher l’eau. Tout en s’agrippant fermement aux herbes du rivage, il plonge sa main dans la rivière, puis de sa main humide, il se frotte le visage. La fraîcheur est agréable. Après sa longue marche, il en avait bien besoin. 

Soudain, il voit dans l’eau tout près de lui un petit animal qui gigote comme s’il se débattait. C’est un animal qu’il n’a jamais vu auparavant : il n’a pas de jambes, sa queue et ses toutes petites mains sans bras sont palmées et sa peau argentée brille à la lumière. Le petit singe est tout de suite pris de pitié. « Le pauvre, se dit-il, on ne lui a probablement jamais dit à quel point la rivière est dangereuse. Il a dû vouloir se rafraîchir, il est entré dans l’eau, et maintenant il ne peut plus sortir. Heureusement pour lui que je passais par là. » Le petit singe plonge sa main, attrape l’animal et le sort de l’eau. L’animal se met aussitôt à frétiller. « C’est sa manière de me remercier de lui avoir sauvé la vie, » se dit le singe, très content de lui. Pourtant, au bout d’une minute à peine, l’animal arrête de frétiller et devient totalement inerte dans la main du singe. Avec horreur, celui-ci comprend qu’il est mort. Tout triste, le petit singe dépose l’animal près d’un buisson couvert de fleurs et se recueille un bref instant. « Ah, si seulement j’étais arrivé un peu plus tôt, se dit-il. Je suis sûr que j’aurais pu le sauver. » »

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Voir le monde à travers ses yeux de singe est bien normal pour notre petit héros…

Et vous ? En primate « évolué », seriez-vous capable de sortir de votre référentiel pour comprendre les besoins de l’autre ?

Myriam Küng, Coach, formatrice et membre de la direction de Coaching-Services.