Le billet du mois de Myriam Küng

 

Entre maîtrise et confiance…

 

 

J’ai envie de partager avec vous aujourd’hui une réflexion que je me suis faite en repensant à mes débuts en tant que coach.

 Une de mes plus grosses peurs à l’époque était de ne pas savoir comment réagir face à un coaché. De ne pas trouver la bonne question, le bon outil, le bon processus pour répondre à sa demande. Mon manque de confiance était à la mesure de mon besoin de maîtrise. J’avais le sentiment qu’un bon coach devait maîtriser une palette d’outils aussi large que possible et que son job consistait à toujours pouvoir trouver le bon outil au bon moment. Je n’avais suffisamment confiance ni en moi, ni en l’autre, ni dans la démarche de coaching elle-même.

 Le module sur les métaphores m’avait permis de trouver une parade à cela : quand je ne savais pas quoi faire, je sortais des images pour faire travailler le coaché. Les cartes du jeu de société DIXIT sont devenues mon outil passe-partout. A chaque fois que je les donnais à un coaché pour qu’il choisisse celle qui représentait son problème, sa demande, sa situation idéale ou son besoin, il en ressortait un élément qui aidait à avancer. Je faisais plus confiance à ces cartes qu’à moi-même.

 Peu à peu, à force de pratiquer et de diversifier mes manières d’intervenir en coaching, j’ai fini par me rendre compte que coacher n’avait rien à voir avec le fait de choisir le bon outil au bon moment. Dans une situation donnée, les moyens d’aider l’autre à avancer sont en réalité innombrables : questions, outils, processus, feedbacks, hypothèses, métaphores, réflexions… Choisir « le bon » est illusoire. Il suffit d’en essayer un et de voir où il mène. Et si vraiment cela ne donne « rien », il est toujours possible d’en essayer un autre.

 Je me suis aussi rendu compte que mon besoin de maîtrise était contre-productif. Plus je cherche à maîtriser, plus je me crispe sur ce que je crois savoir et sur ce que je dois faire, moins je laisse de l’espace à l’imprévu pour se manifester. Or l’imprévu est essentiel en coaching : on ne sait jamais à l’avance ce qui va marcher, ce qui va aider l’autre à avancer, ce qui va favoriser un déclic. Le job du coach consiste à créer l’espace pour que quelque chose puisse se passer, sans savoir ce que c’est.

 Coacher est beaucoup plus une affaire de confiance que de maîtrise. Confiance en soi d’abord : comme le répète souvent mon ancien formateur et collègue Eric, « le meilleur outil du coach, c’est lui-même ». Le simple fait que je sois différente de mon coaché et que je puisse porter un autre regard sur lui et sa situation est déjà aidant. Confiance en l’autre ensuite : le coaché a en lui les ressources pour avancer. Il sait ce dont il a besoin et il sait ce qu’il doit travailler. Mon job n’est en aucun cas de savoir à sa place, mais de l’aider à faire émerger le savoir qui est en lui. Et pour finir, confiance dans la démarche de coaching : le cadre est bien plus essentiel que le choix de l’outil. Si je suis capable de créer pour l’autre un espace d’écoute, d’échange, d’accueil, de bienveillance et d’introspection, je peux être confiante que l’interaction fera émerger ce qui est nécessaire au processus de changement.

 Quand j’y repense, c’est bel et bien ce qui se passait avec les images DIXIT : j’avais confiance qu’elles amèneraient quelque chose qui permettrait d’avancer. Dans ces moments où je m’en remettais à elles, je lâchais le besoin de maîtrise et je laissais de l’espace à l’imprévu pour émerger.

Myriam Küng, coach et formatrice chez Coaching-Services